“Lorsque nous avons lancé SIP Connect, il y a 10 ans, nous savions déjà qu'Internet n'était pas seulement un outil, mais qu'il allait transformer notre conception du monde”, a rappelé Roberto Rock, président de la Société interaméricaine de presse (SIP). Il a comparé cette expérience à l'intelligence artificielle (IA) d'aujourd'hui : “C'est le même phénomène. L'IA va transformer toute notre vie. Elle va changer notre façon d'interagir les uns avec les autres, de partager la connaissance. Et la façon dont notre industrie fonctionnera”.
La rencontre, qui a réuni des journalistes, leaders et experts des médias de tout le continent américain à Miami —”le fait que nous soyons ici, et non sur les plages, montre notre engagement envers l'info”, a plaisanté Rock— a servi à présenter les nouvelles autorités de la SIP et a été la première organisée par le nouveau directeur exécutif, Carlos Lauría. Le thème central de cette année, l'impact de l'IA, a ainsi été intégré à la conversation habituelle lors de SIP Connect depuis 2015 : “L'agenda toujours changeant des transformations technologiques des médias”, a ajouté le président de la SIP, journaliste mexicain.
En regardant en arrière, vers la première SIP Connect, Rock a trouvé que le programme pourrait sembler aujourd'hui “un peu naïf”. À l'époque, a-t-il rappelé, The New York Times venait d'atteindre le million de Abonnés, et aujourd'hui il en a plus de 10 millions, dont 9,7 ne choisissent que l'édition numérique. Et surtout, “nous imaginions que les grandes plateformes technologiques pouvaient être des alliées des médias”.
“Il y en a certaines qui nous accompagnent —a-t-il poursuivi— et d'autres, comme Meta, qui se sont décidées à isoler ou à bloquer les contenus journalistiques et à laisser place à des informations manipulées. Je pense que cela représente un défi non seulement pour les médias mais aussi pour notre société et pour nos démocraties”.
Au cours de deux jours, les 17 et 18 juillet, la relation entre l'IA et les nouvelles dominera la conversation sur scène et dans les discussions informelles des participants. Mais bien que l'éclat des outils soit ce qui attire le plus l'attention en ce moment, “il convient de comprendre que, au-delà de la technologie et de la formation en IA, qui nous offrent d'innombrables opportunités, les médias seront pertinents pour le public dans la mesure où ils représentent des valeurs”, a distingué Rock.
Dans un écosystème d'information où les nouvelles vraies et fausses se confondent, les audiences, a souligné, voient dans les valeurs la possibilité d'un engagement. “Nos valeurs doivent être comme un piquet dans le sol : inébranlables, un repère immédiat”.
Lauría, journaliste argentin et pendant longtemps référence du Comité pour la protection des journalistes (CPJ), a présenté le programme des deux jours, qui a commencé par la table des conférenciers principaux de l'événement : Daniel Coronell, président de Univisión Noticias en TelevisaUnivisión; Alex Mena, rédacteur en chef de The Miami Herald, et Michael Greenspon, responsable des licences et de l'innovation éditoriale de The New York Times, présentés par Martha Ramos, présidente du Forum mondial des éditeurs de WAN-IFRA et de la Commission sur l'équité de genre et la diversité de la SIP.
Coronell a parlé de l'ascension des fake news et de l'incroyable incapacité de nombreuses audiences à les différencier des vraies nouvelles, lors d'une présentation sur un défi central du journalisme numérique d'aujourd'hui : la crédibilité de l'information réelle contre la vraisemblance des contenus sur les réseaux sociaux. Pour sa part, Mena a posé la question de savoir comment, dans la circulation mondiale des nouvelles, l'information locale acquiert une puissance renouvelée, et Greenspon a raconté les changements que le Times a mis en œuvre pour adapter son modèle économique à la transformation numérique.
L'agenda de SIP Connect 2024 pour le mercredi 17 sera complétée par les interventions de Alejandra Brambila, responsable des alliances de nouvelles en Amérique latine pour Google; Miguel Ángel Oliver, président d'EFE, sur le cas spécifique des agences de nouvelles ; Mauricio Cabrera, auteur de Story Baker; Gina Chua (en visioconférence), rédactrice en chef de Semafor; Gastón Serralta, de deuxunos; José Zamora, consultant médiatique aux États-Unis; Eliezer Budasoff, rédacteur en chef de El Hilo Podcast; Claudia Báez, directrice de Cuestión Pública; Yamila Scala, de Storyful; Carlos Eduardo Huertas, directeur de Connectas et Ewald Scharfenberg, de Armando Info, avec une clôture assurée par Alfredo Carbajal, éditeur en charge des nouvelles nationales sur NPR, la radio publique américaine.
En présentant le consultant Zamora, Lauría a rappelé que son père, José Rubén Zamora, fondateur et directeur de elPeriódico, un journal leader au Guatemala qui dénonçait la corruption gouvernementale, célèbre ses deux ans de “une prison absolument injustifiée, une représaille pour ses enquêtes”.
Le jeudi 18, la présentation centrale sera assurée par Daniel Hadad, fondateur et PDG d'Infobae, qui parlera de l'impact de l'intelligence artificielle générative sur l'évolution du journalisme.
La liste des conférenciers sera complétée par Ismael Nafría, auteur de Tendenci@s; Álvaro Liuzzi, consultant et chercheur en journalisme; Rodrigo Santos, de Dos Al Cubo; Eduardo Ceccotti, de Chequeado; Laura Zommer, de Factchequeado; Adrián Pino, de Proyecto Desconfío; Arturo López Valerio, de Tabuga; Alejandro Lladó, de Medcom; David Sancha, de Xalok et Carlos Ardila, de Protecmedia.
“L'IA est devenue un outil puissant qui est en train de transformer la manière dont nous recueillons, produisons et distribuons l'information”, a résumé Lauría lors de l'ouverture de SIP Connect 2024. “Les avantages sont innombrables, allant de l'automatisation des tâches routinières à la création de contenus personnalisés qui peuvent atteindre des publics spécifiques avec une précision sans précédent. Cependant, avec ces avancées, il est également important de reconnaître et d'aborder les risques associés à l'IA, comme les questions éthiques concernant l'utilisation de l'IA ou la protection des droits des individus”.
Enfin, le directeur exécutif a nommé les organisations qui soutiennent la réunion annuelle de la SIP, parmi lesquelles se trouvent Infobae, la Fondation Knight, Google News Initiative, l'agence EFE, TelevisaUnivision, Telemundo, CNN en Español, Bloomberg et Televisa.
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