Barcelone, 9 oct (EFE).- Une étude internationale dirigée par l'Institut de Biologie Évolutive (IBE) a révélé que la variation génétique entre les populations humaines influence le risque d'effets indésirables causés par les médicaments.
En particulier, les chercheurs ont conclu que les populations d'ascendance génétique américaine et européenne présentent un risque plus élevé de subir la toxicité et les effets indésirables des médicaments que les populations océaniques et asiatiques.
Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont analysé, à l'aide d'outils d'intelligence artificielle utilisant des algorithmes d'apprentissage automatique, 1 136 variantes pharmacogénétiques liées à la toxicité de certains groupes de médicaments chez 3 714 individus du monde entier.
A partir de techniques d'exploration de textes, ils ont regroupé ces variantes génétiques et les ont liées à l'ascendance génétique de régions géographiques dans le monde entier.
L'équipe a analysé la fréquence des allèles (formes alternatives d'un gène) impliqués dans l'apparition d'effets indésirables avec six groupes de médicaments différents.
Les résultats indiquent que les populations américaines et européennes ont un risque accru de toxicité avec les médicaments cardiovasculaires et antimicrobiens.
Les populations américaines montrent également un risque plus élevé avec les médicaments antidépresseurs et analgésiques, tandis que pour les Européens, les traitements immunosuppresseurs et anticancéreux sont plus toxiques.
D'autre part, les populations océaniques et asiatiques ont montré un risque moindre dans tous les groupes de médicaments, à l'exception de certains individus d'Asie centrale qui présentent un risque élevé pour les analgésiques.
"Beaucoup des médicaments étudiés ont été testés sur des individus d'ascendance européenne avant d'être commercialisés. S'il y avait un biais en faveur de cette stratégie, nous nous attendrions à ce que les médicaments soient plus sûrs dans ces populations que dans d'autres, mais ce que nous observons est le contraire, ce qui nous permet d'exclure un biais médical comme motif de ces résultats".
"Tout indique que les différentes fréquences entre les populations de ces variantes génétiques peuvent avoir une explication évolutive", a poursuivi le chercheur principal du groupe d'Algorithmes pour la génomique des populations de l'IBE, Óscar Lao.
L'étude souligne que les résultats "pourraient avoir un fort impact dans le domaine de la pharmacogénomique, qui est un champ de la médecine en pleine expansion, où l'on étudie les effets des médicaments selon la génétique des individus, avec des applications dans le domaine de la médecine personnalisée".
"Le fait que nous observions des différences entre les populations suggère qu'il serait intéressant d'inclure l'ascendance génétique de l'individu lors de la mise en place de traitements plus personnalisés", a indiqué Óscar Lao.
Comme hypothèse de travail future, l'étude suggère qu'il pourrait être possible de développer des tests génétiques simples qui, combinés avec l'intelligence artificielle, permettraient d'identifier les patients vulnérables à des effets secondaires graves de certains médicaments.
En fin de compte, il pourrait également être envisagé d'inclure un profil pharmacogénétique et d'ancêtres de chaque patient, comme partie intégrante de l'historique médical.
L'Institut de Biologie Évolutive (IBE) est un centre mixte qui appartient au Conseil Supérieur de la Recherche Scientifique (CSIC) et à l'Université Pompeu Fabra (UPF) de Barcelone. EFE